jeudi 31 mars 2011

"Belleville Story" et "Les Innocents Coupables"

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Diptyque "coup de coeur": Belleville Story
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Si le second tome des excellents R.G. de Frederik Peeters et Pierre Dragon nous donnait à voir une opération de démantèlement d'un réseau de trafic d'êtres humains en plein coeur de Paris, les Belleville Story nous plongent encore un peu plus profondément dans cet univers interlope et le quotidien de quelques "négriers" modernes. Freddy n'est qu'un simple pion dans ce vaste échiquier du crime organisé mais il fera basculer les rapports de force pour racheter la dette de la prostituée dont il s'est épris. Ses sentiments, envers elle et tous ceux qu'il croisera au cours de cette nuit sanglante, resteront cependant particulièrement ambigus. Mais quoi de plus normal lorsqu'on ne peut accorder sa confiance à personne... sauf à l'homme qu'on est chargé d'abattre?! Un thriller noir très réussi terminé en 2 tomes!
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Belleville Story tome 2 de Malherbe et Perriot, Dargaud, 12.80€ (au lieu de 15.95€)
Belleville Story tome 1, Dargaud, 14.40€ (au lieu de 15.95€)
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Les Innocents Coupables tome 1
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"Le vrai courage ne se laisse jamais abattre". Pour ne pas oublier cette phrase dans l'enfer carcéral d'un bagne pour mineurs dans les années 1910, il vaut mieux se la faire tatouer sur le bras. Ni les coups ni les brimades ne pourront l'effacer de votre chair meurtrie. Surtout si vous parvenez à vous serrer les coudes comme Adrien, Honoré, Miguel et Jean. L'un d'entre eux est le fils de Jules Bonnot (celui de la "Bande à Bonnot"), un autre est là pour retrouver la trace de son frère disparu, un autre encore a commis le "crime" de préférer les garçons aux demoiselles... Destins sombres mais auxquels on ne peut que s'accrocher... comme à l'espoir de leur évasion...
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Les Innocents Coupables tome 1 de Galandon et Anlor, Grand Angle, 11.20€ (au lieu de 13.95€)
Les Innocents Coupables tome 1, version luxe Canal BD, 16.90€
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- Lien vers la présentation de Belleville Story sur le site des éditions Dargaud.
- Lien vers la présentation des Innocents Coupables sur le site de Grand Angle.
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25 ans Delcourt: redécouvrez l'intégrale "Julien Boisvert"

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L'intégrale Julien Boisvert
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"Julien Boisvert était ce qu'on peut appeler un jeune homme de bonne famille avec tout ce que cela pouvait impliquer d'insouciance et de légèreté"... L'usage de l'imparfait est ici capital: Julien Boisvert "était". Car ses voyages à travers le monde, de l'Afrique en pleine tourmente où il perdra sa naïveté aux déserts du Mexique en passant par les paysages écossais si éloignés des planches de L'Île Noire qui bercèrent son enfance, feront de lui un homme plus dur, cynique même, pour se protéger de ce qui pourrait l'abîmer davantage. Ce récit est construit en quatre chapitres qui se succèdent mais laissent s'écouler entre eux de nombreuses années. Julien nous revient donc à chaque fois différent et changé mais toujours profondément humain. Dieter et Plessix s'adressent ainsi à nous comme au travers d'un échange épistolaire. Nous recevons des nouvelles d'un ami cher qui vit au loin et qui nous livre le spectre des émotions qu'il a experimenté depuis son dernier courrier... Superbe! Nicolas.
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Julien Boisvert (l'intégrale) de Plessix et Dieter, Delcourt, 37.20€ (au lieu de 41.25€)
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- Lien vers la présentation de Julien Boisvert sur le site des éditions Delcourt.
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Du côté de Multi Jeunesse: "Poucette"

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Poucette illustré par Charlotte Gastaut
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Je sais, vous vous dites "ce sont des obsédées de Gastaut". Oui mais non sans discernement et esprit critique! Nous la suivons sur son blog, nous attendons avec impatience ses nouveaux ouvrages mais, comme avec tous nos auteurs favoris, nous restons vigilantes et nous sommes même parfois déçues... Ceci dit, devant certaines évidences, il vaut mieux ne pas lutter: cet ouvrage, où s'altèrnent des pleines pages somptueusement illustrées et des médaillons en bichromie noire et fushia, est "magnifiquissime"!!!
On ne peut que s'extasier devant ces larges illustrations où un soin tout particulier est apporté à l'harmonie des couleurs qui se font chatoyantes, fraîches et gaies ou plus unifiées et douces mais avec toujours cette finesse des détails et ce trait naïf et tendre propre à l'auteur.
C'est le printemps. Les premiers rayons de soleil qui réchauffent, le retour aux terrasses, les bourgeons, les narcisses dans les jardins, les merles du matin et Poucette qui prend son bain...
Florence
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Poucette de Hans Christian Andersen illustré par Charlotte Gastaut, éditions Père Castor, dès 5 ans, 13.00€
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- Lien vers le blog de Charlotte Gastaut.
- Lien vers le blog de la librairie Multi Jeunesse.
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L'Objet du Crime (mars 2011)

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Nous avons rentré cette semaine le tirage de luxe du premier tome d'Aslak édité par les éditions Bruno Graff (au prix de 65.00€) ainsi que les derniers exemplaires du coffret Canal BD Blake et Mortimer: La Malédiction des Trente Deniers conçu par la Monnaie de Paris (au prix de 120 €). Avis aux amateurs!
Plusieurs nouvelles pièces des ateliers Leblon-Delienne sont aussi arrivées dont un Champignac (149.00€)et une scène de Blake et Mortimer (490.00€).

Quelques sorties récentes (fin mars 2011)

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Lady S. tome 7 de Van Hamme et Aymond, Dupuis, 9.60€ (au lieu de 11.95€)
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Chambre Obscure tome 2 de Cyril Bonin, Dargaud, 11.20€ (au lieu de 13.95€)
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Alter Ego: Camille et Fouad de Lapière, Renders et Reynès, Dupuis, 9.60€/tome (au lieu de 11.95€/tome)
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Les Autres Gens tome 1 de Thomas Cadène avec Bastien Vivès, Boulet, The Black Frog, Tanxxx..., Dupuis, 13.50€ (au lieu de 14.95€)
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Une vie dans les marges tome 1 de Tatsumi, Cornélius, 26.40€ (au lieu de 33.00€)
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Intégrale Tif et Tondu tome 9 de Will et Desberg, Dupuis, 24.00€
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Pavillon Noir tome 1 de Corbeyran et Bingono, Soleil, prix découverte: 9.95€
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Metronom tome 2 de Corbeyran et Grun, Glénat, 11.60€ (au lieu de 14.50€)
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Le Royaume tome 3 de Benoit Feroumont, Dupuis, 9.50€ (au lieu de 10.45€)
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Les démons d'Alexia tome 7 d'Ers et Dugomier, Dupuis, 9.50€ (au lieu de 10.45€)
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Pierre Tombal tome 27 de Cauvin et Hardy, Dupuis, 9.50€ (au lieu de 10.45€)
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Les Femmes en blanc tome 33 de Cauvin et Bercovici, Dupuis, 9.50€ (au lieu de 10.45€)
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(Certaines réductions indiquées ci-dessus sont temporaires et sont sujettes à des modifications ultérieures)

vendredi 18 mars 2011

"Une vie sans Barjot" d'Appollo et Stéphane Oiry

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Un bateau ivre au coeur des ténèbres
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Vous souvenez-vous d'Arthur Même qui, engoncé dans son chapeau melon et sa queue-de-pie trop ample, était contraint de résider sur les murs de la propriété dont il avait été dépossédé? Si la scène ne vous évoque rien, je ne peux que vous conseiller de découvrir Ici Même, ce joyau de l'absurde et de la dérision né de la collaboration entre Jacques Tardi et Jean-Claude Forest en 1978. Mathieu, le personnage central d'Une vie sans Barjot, le dit plus simplement: "C'est génial". Sur la couverture de l'album d'Appollo et Oiry, le jeune homme se prête d'ailleurs au numéro d'équilibriste auquel Arthur Même est soumis par un jugement. Rien ne l'y force pourtant. Pas d'expropriation ou d'avocats ici. Juste une envie d'apesanteur et de liberté. "Ce serait drôle de ne vivre que sur les murs. On verrait le monde de haut. On pourrait aller partout, de jardin en jardin et observer les gens". A 18 ans, le bac en poche, Mathieu préfèrerait en effet ne pas avoir à choisir de vivre d'un côté du mur ou de l'autre. Il préfèrerait ne pas quitter sa ville de province ni ce lourdingue de Barjot pour partir le lendemain sur Paris et suivre sa prépa littéraire. Il préfèrerait rester sur ce mur avec Noémie et traverser avec elle une nuit sans fin, dans cette pénombre qui "change la vision qu'on a des choses familières", qui agit "comme un filtre" sur toutes ces ruelles que Mathieu connaît par coeur mais qui lui apparaissent comme s'il les voyait pour la première fois. Et la dernière peut-être...
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Au-delà de la référence visuelle au Ici Même de Tardi et Forest, Une vie sans Barjot aborde aussi l'absurdité mais une absurdité plus concrète; celle d'avoir à déchausser ses Converse délassées pour enfiler, par la force du système, une queue-de-pie trop large. Servi par une écriture vive et pénétrante et une esthétique qui le rend intemporel, cet ouvrage à la poésie sombre nous donne l'envie, comme L'Homme qui marche de Jirô Taniguchi, d'éviter le confort du chemin le plus court pour s'offrir le luxe d'un détour. Nicolas
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Une vie sans Barjot d'Apollo et Oiry, Futuropolis, 14.40€ (au lieu de 18.00€)
Pauline (et les loups-garous) d'Apollo et Oiry, Futuropolis, 13.50€ (au lieu de 15.00€)
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- Lien vers notre chronique de Pauline (et les loups-garous).
- Lien vers la présentation de Une vie sans Barjot sur le site de Futuropolis.
- Lien vers le blog de Stéphane Oiry.
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Quelques sorties récentes (mi-mars 2011 - #2)

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Walking Dead tome 13 de Kirkman et Adlard, Delcourt, 12.60€ (au lieu de 13.95€)
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W.E.S.T. tome 6 de Rossi, Dorison et Nury, Dargaud, 11.20€ (au lieu de 13.95€)
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The Losers tome 3 (fin de cycle) de Diggle et Jock, Panini Comics, 27.00€ (au lieu de 29.95€)
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Les Sentinelles tome 3 de Dorison et Breccia, Delcourt, 12.40€ (au lieu de 15.45€)
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Les aventures de Philippe et Francis tome 2 de Veys et Barral, Dargaud, 11.20€ (au lieu de 13.95€)
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Cats are weird (import U.S.) de Jeffrey Brown, Chronicle Books, 12.95€
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Léonard tome 41 de Turk et DeGroot, Le Lombard, 9.50€ (au lieu de 10.45€)
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Backstage: Pierre qui roule de James et Mirroir, Fluide Glacial, 9.40€ (au lieu de 10.40€)
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(Certaines réductions indiquées ci-dessus sont temporaires et sont sujettes à des modifications ultérieures)

samedi 12 mars 2011

POLINA de Bastien Vivès: Pygmalion réinventé

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La bande dessinée Polina est sortie des presses Pollina au mois de février. A une lettre près, l'héroïne de Bastien Vivès porte le même nom que l'imprimeur qui la fixa sur le papier. Cette observation resterait anecdotique si les lignes dynamiques et les larges aplats noirs de l'auteur n'occupaient pas un rôle central dans cette oeuvre. Le trait élégant de Bastien Vivès se marie ici parfaitement à la grâce des ballerines russes. Si la virtuosité du dessinateur prodige de 27 ans paraît innée, l'excellence des danseuses étoiles est le fruit d'une formation spartiate inculquée dès l'enfance. Le professeur Bojinski l'expliquera en ces termes à sa jeune élève Polina: "Si vous ne leur montrez pas la grâce et la légèreté, les gens ne verront que l'effort et la difficulté". Cette phrase, chargée de l'expérience qui fait sa renommée internationale, est l'une des rares que prononcera le professeur. Il est avare en paroles. Impénétrable derrière des lunettes qui dissimulent son regard et une barbe qui cache la bouche d'où l'on voudrait voir jaillir un mot d'approbation, Bojinski impose le respect et la crainte à celles et ceux qui se laissent modeler entre ses mains épaisses. Il est un Pygmalion ou plutôt une variation de Pygmalion. Le personnage mythologique sculpta dans l'ivoire le corps de la belle Galatée à laquelle la déesse Aphrodite donna la vie. Le chorégraphe s'empare ici de corps fragiles et frémissants pour les tailler à sa guise en statues somptueuses. Comme celui de Polina, celle qu'il choisit parmi tant de jeunes prétendantes pour interpréter le ballet qu'il conçoit en dehors du cursus académique. Ce privilège est cependant bien lourd à porter pour la danseuse et de nouvelles opportunités se profilent. Leurs routes se sépareront soudain et les années et la distance feront leur oeuvre. Polina ne semblera pourtant jamais pouvoir échapper à celui qui l'a façonnée. Le désire-t-elle seulement?
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Polina se joue dans les coulisses bien plus que sur la scène, dans les gestes retenus bien plus que dans les élans des danseuses. Ce n'est d'ailleurs pas tant un ouvrage sur la danse qu'un récit consacré à la relation unissant un élève à son mentor. Polina parle, avec justesse et émotion, de la transmission du savoir, du passage à la maturité. Il marque d'ailleurs le passage de Bastien Vivès à une nouvelle dimension de son talent. Superbe! Nicolas.
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Polina de Bastien Vivès, Casterman/KSTR, 14.40€ (au lieu de 18.00€)
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- Notre chronique de Pour l'Empire de Merwan et Vivès.
- Lien vers le blog de Bastien Vivès.
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Séance de dédicaces: "Magasin Sexuel" de TURF

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Nous aurons le plaisir d'accueillir TURF pour une séance de dédicaces du premier album de Magasin Sexuel, sa nouvelle série aux éditions Delcourt. TURF sera présent dans notre librairie le 25 mars 2011 de 16h à 19h.
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Turf dédicacera son album Magasin Sexuel.
En cas d'inscriptions trop nombreuses, un tirage au sort sera effectué. Chanceux et moins chanceux seront prévenus par courrier électronique une semaine avant la séance.
Les inscriptions se font à la librairie ou par mail en nous écrivant à l'adresse info@multibd.com.

Cinq mille kilomètres par seconde: à la croisée des chemins


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Cinq mille kilomètres par seconde nous invite à suivre le parcours d'un couple qui s'est croisé sans jamais se former. Adolescents, Lucia et Piero se sont quittés pour poursuivre leurs vies d'adulte à des milliers de kilomètres de distance, elle en Norvège, lui en Egypte. Les années passent, des carrières se construisent, des familles se forment et la question revient sans cesse; que serions-nous devenus si nous étions restés ensemble? Cet acte manqué était-il inévitable? Avec un grande "pudeur" narrative et une vraie générosité graphique, Manuele Fior laisse à ses personnages la liberté de suivre leur propre destin. Nicolas.
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Cinq mille kilomètres par seconde de Manuele Fior, Atrabile, 17.10€ (au lieu de 19.00€)
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Cinq mille kilomètres par seconde a été couronné du Fauve d'Or du Meilleur Album lors du dernier Festival d'Angoulême.

Deux nouvelles productions du réseau Canal BD

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Notre librairie vous propose également deux nouvelles productions du réseau Canal BD: le portfolio Lloyd Singer (Makabi) contenant 5 illustrations, offert à l'achat du tome 5 de la série, ainsi qu'une version toilée et limitée du premier tome de Les Innocents Coupables, vendue au prix de 16.90€. De plus amples informations en cliquant sur les liens...

Radio GrandPapier: podcast de l'émission du 02 mars

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L'émission radio du 02 mars est désormais disponible en podcast sur le site de Radio GrandPapier. On y chronique les albums La Plaine du Kantô de Kazuo Kamimura (Kana), Comédie Sentimentale Pornographique de Jimmy Beaulieu (Delcourt), L'Île aux cent mille morts de Fabien Vehlmann et Jason (Glénat) et Des nouvelles d'Alain d'Emmanuel Guibert et d'Alain Keler (XXI/Les Arènes). Les invités de l'émission sont Thomas Mathieu (Les Drague-Misères), Léonie (Princesse Suplex) et Thomas Gilbert (Oklahoma Boy). Bonne écoute!

Quelques sorties récentes (mi-mars 2011)

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Pain d'Alouette, deuxième époque de Christian Lax, Futuropolis, 14.40€ (au lieu de 16.00€)
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Voyage aux îles de la Désolation d'Emmanuel Lepage, Futuropolis, 21.60€ (au lieu de 24.00€)
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Ralph Azham tome 1 de Lewis Trondheim, Dupuis, 9.60€ (au lieu de 11.95€)
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La Patrouille des Castors, première intégrale de Mitacq et Charlier, Dupuis, 28.00€
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(Certaines réductions indiquées ci-dessus sont temporaires et sont sujettes à des modifications ultérieures)

samedi 5 mars 2011

"T.M.L.P.", le Château et le Cachot

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Ta Mère La Pute (T.M.L.P.) nous emmène au coeur de ces nouvelles cités qui poussèrent comme des champignons en France au début des années '70: "1.100 logements divisés en quatre parties distinctes, chacune avec des noms de poète qu'on ne lira jamais... Une centrale de 300 logements avec une superette et trois autres barres d'immeubles qui l'entoure... Réalisation spectaculaire qui prélude à l'extension de la ville conçue dans un esprit futuriste...". La Cité de Gilles Rochier est bien plus qu'un simple décor, plutôt une matrice organique dont tous les personnages sont les "enfants", omniprésente, à la fois château qui protège et prison qui enferme, sorte de paradis perdu dans lequel va se jouer une tragédie.
Mais le vrai sujet de T.M.L.P., c'est le quotidien des habitants de cette cité. Côté face, une bande de gamins "un peu branleurs, pas bien méchants" qui tuent le temps en faisant les 400 coups, la solidarité entre les familles... Côté pile, la misère rampante qui pousse des mères à se prostituer, le chômage, l'isolement...
Gilles Rochier ne nous parle pas des cités mais de "SA" cité à travers son histoire personnelle, celle de ses amis et du drame qui va les lier et peser sur leur avenir. Il le fait avec une certaine nostalgie mais sans pathos ni misérabilisme, avec pudeur, émotion et une rage intacte que son trait brut rend parfaitement. Un témoignage intime, poignant et percutant! Philippe Vanderheyden.
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T.M.L.P. de Gilles Rochier, Six Pieds sous Terre, 14.40€ (au lieu de 16.00€)
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- Lien vers le site de Gilles Rochier.
- Lien vers le dossier de T.M.L.P. par l'éditeur.
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Découvrez également nos chroniques de ces ouvrages liés au thème de la "fin de l'insouciance" sur cette page de notre site internet.

Du côté de Multi Jeunesse: "Quatre Soeurs"

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Quatre Soeurs, premier volume: Enid
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Voilà donc Nicolas qui, à l'occasion de l'adaptation du premier tome de cette quadrilogie en bande dessinée illustrée par Cati Baur, attire mon attention: "Vous avez ces romans chez Multi Jeunesse"? "Euh, non", dis-je, un peu gênée d'être prise en flagrant délit d'ignorance. Je commandai donc la dite série et me mis à lire le premier tome intitulé Enid. Et là, grand bonheur! "Nico, dans mes bras!", dis-je le lendemain de cette expérience délectissime. L'écriture est vivante et colorée, créative et imagée, rythmée et drôle. Un vrai chocolat chaud avec chantilly pour les neurones! Si seulement je pouvais écrire comme ça... Prenez le personnage d'Hortense par exemple; au lieu de dire "Je crevais de trouille", elle dira "A mesure que je marchais, ma bouche prenait un drôle de goût, ma langue me tirait jusqu'aux oreilles. Et j'avais dans l'intestin une armada de sauterelles en pleine techno-parade". Je me mis à dévorer les trois autres tomes avec gourmandise et à suivre ces cinq soeurs orphelines (oui, elles sont cinq, en fait!) dans leur vie de grande fille (Enid et Hortense), d'adolescente (Bettina et Geneviève) et de jeune femme (Charlie). Elles sont tout à leurs préoccupations, leurs secrets, leurs complicités et leurs chamailleries, leurs soucis financiers, amoureux, vestimentaires ou culinaires, leurs âges, leurs ragnagnas, leurs jalousies... leurs trucs de filles quoi! Leur maison délabrée du bout de la falaise est squattée par le rat Mycroft et sa famille, par madame Chaudière qui est pour le moins capricieuse, les courants d'air, les chats Ingrid et Roberto, les fantômes de papa et maman qui entretiennent conversation comme si de rien n'était, Swift la chauve-souris d'Enid et Blitz, son écureuil, et puis occasionnellement par cette peste geignante de Tante Lucrèce avec son tailleur du catalogue Tamard et son chien baveux Delmer. Chaque tome nous fait traverser une saison à la Vill'Hervé et est l'occasion de nous présenter de nouveaux personnages telle la jolie Colombe, objet de convoitise et de cruelle jalousie de Bettina ou le très moche et très séduisant Merlin; Muguette, la petite voisine excentrique et leucémique meilleure amie d'Hortense; Tancrède le très élégant, drôle et beau locataire printanier ou encore Harry et Désirée, les petits cousins, qui baladent crabe en laisse et cafard dans une boîte de tic-tac.
En vivant avec les cinq soeurs, je me suis rappelé l'âge ingrat, l'âge bête, l'âge des premières responsabilités, les trucs d'école, les trucs de mecs, les chagrins, les peurs et les fous-rires et lorsque j'ai tourné la dernière page, je me suis sentie orpheline à mon tour car j'aurais voulu les suivre encore et toujours: j'étais devenue la sixième soeur Verdelaine. Florence.
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Roman: Quatre soeurs, premier volume: Enid de Malika Ferdjoukh, éditions L'école des Loisirs (coll. Médium), dès 12 ans, 9.00€ (volumes 2 à 4 aussi disponibles)
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Bande dessinée: Quatre soeurs, premier volume: Enid de Malika Ferdjoukh et Cati Baur, éditions Delcourt, 14.00€ (au lieu de 15.45€)
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- Lien vers notre chronique de l'adaptation en bande dessinée.
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Bunny Suicides: nouvelles tentatives

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Les amateurs d'humour noir sont à la fête: le troisième tome des Bunny Suicides est arrivé en librairie! Une excellente occasion de découvrir également la férocité du travail de l'artiste écossais David Shrigley.
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Dawn of the Bunny Suicides (édition cartonnée) d'Andy Riley, Hodder and Stoughton, 15.00€
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What the hell are you doing?: The Essential David Shrigley de David Shrigley, Canongate, 25.00€

Quelques sorties récentes (début mars 2011)

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Double Masque tome 5 de Dufaux et Jamar, Dargaud, 9.60€ (au lieu de 11.95€)
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Sisco tome 3 de Legrain et Benec, Le Lombard, 9.60€ (au lieu de 11.95€)
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La Route Jessica tome 3 de Dufaux et Renaud, Dupuis, 11.20€ (au lieu de 13.95€)
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Cédric tome 25 de Laudec et Cauvin, Dupuis, 9.50€ (au lieu de 10.45€)
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Philémon: l'intégrale en 3 volumes de Fred, Dargaud, 35.00€ (le volume)
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Magasin Sexuel tome 1 de Turf, Delcourt, 12.40€ (au lieu de 15.45€)
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Châteaux de Bordeaux tome 1 de Corbeyran et Espé, Glénat, 11.60€ (au lieu de 14.50€)
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PRIX DU PUBLIC ANGOULÊME 2011 à nouveau disponible!
Le Bleu est une couleur chaude de Julie Maroh, Glénat, 14.90€ (au lieu de 16.50€)
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(Certaines réductions indiquées ci-dessus sont temporaires et sont sujettes à des modifications ultérieures)

vendredi 4 mars 2011

La Fin de l'Insouciance: trois chroniques

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LES LARMES DE L'ASSASSIN
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" "PAOLO! TUE-LE! TUE-LE VITE!" Angel ne pouvait plus bouger. La mâchoire de l'animal s'était refermée sur sa gorge. Je n'ai pas eu le choix. Les derniers soubresauts de mon enfance étaient en train de s'enfuir inexorablement". Les Larmes de l'Assassin nous plonge dans les souvernirs de Paolo Poloverdo qui, enfant, partagea sa maison du bout du monde, sur la côte écorchée du sud du Chili, avec le meurtrier de ses parents. Angel, bandit de grand chemin, y trouva refuge en éliminant, comme un coucou dans un nid, le père et la mère sans parvenir à tuer leur jeune garçon. Entre larges cases silencieuses et texte incisif, ce livre est le troublant récit d'une double initiation; celle d'un enfant à l'âge d'homme et celle d'un assassin à ses propres sentiments. C'est l'histoire de la lente croissance d'une jeune pousse dans une terre désolée le long d'un tuteur tortueux... Nicolas.
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Les Larmes de l'Assassin de Thierry Murat (librement adapté du roman de Anne-Laure Bondoux) , Futuropolis, 16.20€ (au lieu de 18,00€).

OKLAHOMA BOY tomes 1 et 2
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Il est de nombreux âges dans une vie. Il n'est cependant pas donné à tous de connaître celui de l'Insouciance. Elevé dans le puritanisme aveugle d'un père autoritaire, le jeune Oklahoma apprendra crainte et dévotion. Poussées à leur paroxysme, elles se feront dévorantes. Entre son éducation rigoriste, sa prédisposition à l'épilepsie et ses purges ascétiques, Oklahoma connaîtra des hallucinations visuelles où lui apparaîtront anges et démons dans de puissants tableaux mystiques. Mais derrière ces Mystères se cachent de nombreux secrets. Ceux des amis de son âge dont le quotidien n'est guère plus enviable, ceux des visages cachés derrière les masques du Klan, ceux qui entourent la mort de sa mère... Ce silence ne peut engendrer que des monstres... Comme dans le film Naissance d'une Nation de D.W. Griffith, la série Oklahoma Boy retrace l'histoire d'un pays qui s'est écrite en lettres de sang. A découvrir! Nicolas.

PS: Une séance de dédicaces d'Oklahoma Boy est bientôt prévue chez Multi BD. De plus amples informations sur cette page.
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Oklahoma Boy tome 1 de Thomas Gilbert, manolosanctis, 14.40€ (au lieu de 16,00€)
Oklahoma Boy tome 2 de Thomas Gilbert, manolosanctis, 14.40€ (au lieu de 16,00€)
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BLESSURES NOCTURNES
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Ces histoires poignantes d'adolescents livrés à eux-même sont authentiques... Malheureusement... OSAMU MIZUTANI, un professeur de cours du soir, hante les nuits japonaises pour tenter d'établir un dialogue avec ces enfants des rues, drogués, battus, abusés ou abandonnés. Il leur tend la main en leur tendant une oreille attentive. On le nomme "LE VEILLEUR". Il existe bel et bien lui aussi. Heureusement... Une série bouleversante terminée en 10 tomes (7 tomes déjà parus). Nicolas
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Blessures Nocturne tome 1 d'Osamu Mizutani et Seiki Tsuchida, Casterman/Sakka, 6.30€ (au lieu de 6.95€).
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mardi 1 mars 2011

Publisher's Cut (III): manolosanctis

Après les rubriques Publisher's Cut consacrées aux entretiens avec Serge Ewenczyk des éditions Cà et Là et Nathalie Meulemans des éditions Les Enfants Rouges, j'ai tenu à poser quelques questions à Maxime Marion, cofondateur et directeur de l'édition des éditions manolosanctis. Une occasion d'en apprendre davantage sur cette jeune structure éditoriale à l'occasion de la venue prochaine de quatre de ses auteurs dans notre librairie. Je remercie ici Maxime Marion, Solenn Martens, Christophe de Jamblinne et les auteurs pour leur disponibilité. Bonne lecture! 
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Nicolas Verstappen : Comment est né le projet manolosanctis? A-t-il été porté dès le départ par une équipe ou était-ce une seule personne qui lança ce concept?
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Maxime Marion : manolosanctis est porté depuis le début par Arnaud Bauer (président), Mathieu Weber (directeur général et technique) et moi-même (directeur de l'édition), tous trois amis de longue date, et issus de domaines d'activité complémentaires (commerce, informatique, beaux-arts...). Mathieu nous a parlé en 2008 de son envie de créer une plateforme communautaire, une sorte de "youtube de la bande dessinée". Après de nombreuses soirées à réfléchir sur la forme que prendrait manolosanctis, nous avons posé les bases du projet et décidé de nous lancer en mars 2009. Notre idée était, là où certains cherchent à s'éloigner du papier au profit du numérique, d'exploiter au maximum les avantages du web et des réseaux sociaux avec comme finalité le papier. La plateforme est ouverte à tous, gratuite, et permet aux auteurs de librement partager leurs travaux via les différents outils que nous fournissons. Elle est à la fois le moyen d'apporter de la visibilité aux auteurs, et pour nous, de dénicher les talents de demain. Un an et demi après le lancement officiel, nous sommes en passe de devenir la première communauté BD francophone, et notre catalogue compte une vingtaine de titres.
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NV : La décision de la publication des livres "s'effectue par un processus original combinant préférences des internautes et sélection éditoriale". La combinaison se fait-elle à part égale ou la sélection éditoriale était-elle prédominante? L'équipe de manolosanctis décide-t-elle parfois de publier un ouvrage qui lui semble réussi même si les internautes sont d'un avis contraire?
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Maxime Marion : Il s'agit en effet d'un processus éditorial particulier : il intègre à la fois l'avis des internautes et notre propre regard. Il faut considérer les internautes comme un premier comité de lecture, non intéressé et relativement objectif. Cela nous permet surtout de ne pas rater les petites perles qui pourraient arriver sur le site, ou encore nous conforter dans nos choix. Il m'arrive de signer un auteur sans avoir eu le temps de recueillir beaucoup de retours, sur un coup de coeur, mais pour l'instant tous les albums que nous avons signé ont également rencontré un beau succès sur le site. Ce mixage édito/participatif se comprend bien en regardant le classement des albums les plus populaires : sur les 30 premiers, 15 ont été édités.
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NV : Comment s'est déroulée la mise en place d'Oklahoma Boy, le premier ouvrage publié par manolosanctis? Les internautes ont-ils directement suivi l'album qu'ils avaient plébiscité?
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Maxime Marion : Thomas Gilbert est l'un des premiers auteurs à avoir publié un album sur notre site et le premier à être édité, et je lui suis reconnaissant de nous avoir fait confiance alors que nous débarquions à peine de nulle part. J'ai eu un coup de coeur immédiat sur cet album alors qu'il n'y avait que deux pages publiées. Nous avons attendu un peu, et au vu des nouvelles planches et des premiers retours très positifs, nous avons décidé de l'éditer. Un premier album ce n'est pas rien pour une maison d'édition. Nous avons beaucoup travaillé avec Thomas, parfois très tard, mais nous y sommes arrivés. Et nous avons tenu les internautes informés au fur et à mesure que le projet avançait, en publiant certaines planches, montrant des photos chez l'imprimeur, etc. Les fans ont donc pu suivre Oklahoma de sa conception jusqu'à son arrivée en librairie. Il s'agit d'ailleurs d'une trilogie, dont le second tome
Iron and Flesh est déjà paru en janvier dernier.

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NV : Ce premier album est en couverture souple. Pourquoi passer ensuite à la couverture "cartonnée"? Comment s'est effectué le choix du format et de l'aspect des livres?
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Maxime Marion : Pour les deux premiers albums, nous travaillions avec un imprimeur qui n'était pas spécialisé en bande dessinée et nous n'avions pas les moyens de financer des albums cartonnés. Dès que nous avons pu nous permettre de passer en couverture rigide, nous l'avons fait, tout simplement. Depuis nous travaillons avec des imprimeurs tels que Proost ou Lesaffre, dont la réputation n'est plus à faire.
Dès le départ, notre parti pris a été de ne produire que des beaux livres. Même souple, Oklahoma Boy 1 est conçu avec du papier Arctic Paper. Nous avons toujours cru à la formule diffusion gratuite/papier payant, car même si notre liseuse en ligne est plutôt agréable, on ne peut comparer l'expérience de la lecture d'un album sur le site avec le plaisir de l'objet. Après coup j'ai réalisé que nous avions fait les mêmes choix que Futuropolis notamment, en choisissant les matériaux les plus luxueux et qualitatifs.

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NV : Comment se déroule le suivi éditorial lorsqu'une publication "papier" est décidée? Demandez-vous à vos auteurs d'importantes modifications par rapport à la version "web" ou cette dernière est-elle souvent la version définitive?
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Maxime Marion : Il y a systématiquement des modifications, il est très rare qu'un album soit terminé et parfaitement finalisé. En revanche je ne cherche jamais à modifier le fond du propos, si on signe, c'est qu'on croit au projet. Donc l'essentiel des remarques et des corrections que l'on souhaite apporter concerne la lisibilité et la cohérence de l'album. La plupart du temps, les histoires ne sont pas terminées, on discute donc beaucoup avec l'auteur pour savoir ce qu'il cherche à dire dans son album. Il s'agit d'un travail d'éditeur classique en fin de compte, sans trop d'interventionnisme.
La base est donc l'album papier. Et avant la sortie d'un album, nous publions chaque semaine quelques pages pour arriver à peu près à la moitié de l'histoire pour le jour de la sortie : c'est une sorte de prépublication en ligne.
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NV : Un auteur qui publie ses planches sur votre site mais ne bénéficie pas d'une version "papier" peut-il proposer son récit à un autre éditeur? Comment fonctionne le système de droits d'auteur en général une fois les planches publiés sur votre site?
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Maxime Marion : Il y a deux systèmes distincts. Les albums présents sur la plateforme manolosanctis sont diffusés via licence "creative commons". Il s'agit d'une exception au droit d'auteur permettant aux artistes de diffuser leur travail librement sans pour autant en perdre les droits. Donc les auteurs restent libres de retirer leur album à tout moment, de voir d'autres éditeurs, etc. En revanche, lorsque nous signons avec un auteur, il s'agit d'un contrat d'édition classique : il nous cède les droits, perçoit une avance, des droits d'auteur, etc.
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NV : Dans la postface du premier Oklahoma Boy, vous signalez vouloir assurer une "rémunération supérieure à celle de l'édition traditionelle". N'est-ce pas un voeu pieux en cette période complexe et hautement concurrentielle?
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Maxime Marion : Au tout début nous pensions pouvoir, notamment grâce au web, améliorer considérablement les rémunérations aux auteurs, mais en effet la réalité du marché nous a vite rappelé à l'ordre. Cependant le monde de l'édition est parfois dur avec les jeunes auteurs, aussi une rémunération correcte reste un objectif important à nos yeux, nous faisons notre possible dans la mesure de nos moyens. Au vu de ce qu'il se pratique, je crois que nous n'avons pas à rougir des conditions que nous proposons et qui, depuis nos débuts, n''ont eu de cesse de s'améliorer.

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NV : Votre approche du "collectif" est assez novatrice. Les auteurs y collaborent sur base d'un court récit qui sert de tronc commun aux différentes participations. Comment a germé ce concept?
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Maxime Marion : Après un premier collectif parrainé par Pénélope Bagieu, Phantasmes, assez conventionnel (les auteurs devaient proposer une histoire autour du thème "phantasmes"), nous avons eu envie d'aller plus loin et de proposer un véritable ouvrage participatif, en profitant de notre site et cela a donné 13m28, parrainé par Raphaël B. Les candidats pouvaient voir en temps-réel ce que proposaient les autres, chacun devait apporter sa touche personnelle, tout en veillant à apporter quelque chose à l'histoire et à multiplier les ouvertures avec les autres récits, ça a été passionnant. Après le succès de 13m28, nous avons décidé de recommencer l'expérience en partenariat avec Angoulême avec pour parrain Thomas Cadène. C'est en ce moment d'ailleurs , jusqu'au 29 mars, à cette adresse : http://www.manolosanctis.com/contests/vivre-dessous !
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NV : manolosanctis a aussi lancé sa page en anglais. Espérez-vous pouvoir ainsi séduire de jeunes auteurs au-delà de la Francophonie?
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Maxime Marion : Oui, la plateforme est disponible en anglais, et bientôt en plusieurs autres langues. Nous avons décidé de nous ouvrir à l'international car le marché de la bande dessinée est inégal selon les pays ; la France et la Belgique restent une sorte d"El Dorado" pour beaucoup d'auteurs étrangers, et notamment ceux qui cherchent à sortir des sentiers battus. Notre offre reste la même : outils de diffusion et de partage, visibilité, et la possibilité d'être édité sur de beaux livres pour le marché francophone.
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(Entretien réalisé pour la librairie Multi BD via courrier électronique à la fin février 2011 - copyright 2011 Multi BD)

 
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