samedi 3 septembre 2011

Voyage aux Enfers: de Bruce Wayne à Bruce Willis

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Mises côte à côte, les affiches de Man on Fire, Die Hard 3, Bad Boys 2, V for Vendetta et Batman : The Dark Knight nous dévoilent une image iconique profondément ancrée dans notre inconscient collectif : les surhommes -et les surfemmes- ont bravé les flammes des Enfers. Comme Hercule et Orphée, ces héros et ces héroïnes sont revenus du Royaume des Morts. Ils ne sont plus de simples mortels et ils semblent donc pouvoir se placer au-delà de la Justice des Hommes. Ils établissent alors leurs propres lois et appliquent eux-mêmes les châtiments. Ce statut a cependant un prix : l’Enfer se rappellera toujours à eux. Ceci est d’autant plus vrai dans le cas du personnage de Batman. Si ce dernier a tant fasciné des auteurs comme Frank Miller et Grant Morrison ou des réalisateurs comme Tim Burton et Christopher Nolan, c’est qu’il est devenu le geôlier de son propre Enfer. Il a établi sa demeure dans l’obscurité d’une grotte, s’interdisant le deuil de ses parents assassinés sous ses yeux, nourrissant inlassablement sa tristesse et sa colère, «inspirant la terreur » aux criminels de Gotham City. Cette volonté de régner par la force et par la peur le mènera cependant à payer un lourd tribut. En paraphrasant le titre d’une célèbre peinture de Goya, on pourrait dire que « le sommeil de la raison (de Batman) engendre les monstres (de Gotham)». La personnalité mystérieuse et fascinante de Batman semble en effet avoir attiré comme un aimant des adversaires machiavéliques désireux de l’affronter en duel. Si Bruce Wayne n’avait pas enfilé son costume noir pour inspirer la terreur, aurait-on vu apparaître le Joker, Double-Face ou le Pingouin dans les rues de Gotham City ? Batman n’a-t-il pas rendu sa ville plus dangereuse en tentant de la nettoyer du crime ? Malgré lui, Batman a fait apparaître des ennemis aussi terrifiants que lui. En laissant ouvertes les portes de son Enfer personnel, Batman a laissé des êtres démoniaques s’en échapper. Responsable de cette situation inextricable, il est désormais condamné à les affronter. Il est ainsi devenu l’auteur de sa propre malédiction, une malédiction qui nourrira des récits magistraux comme The Dark Knight Returns (de Frank Miller), Année Un (Year One de Frank Miller et David Mazzucchelli), L’Asile d’Arkham (Arkham Asylum de Grant Morrison et Dave McKean), Rire et Mourir (The Killing Joke d’Alan Moore et Brian Bolland) et le Un long Halloween (de Jeph Loeb et Tim Sale).
Nicolas Verstappen

 
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