lundi 10 décembre 2018

Chronique: L'homme sans talent


Considéré comme un bon à rien par son épouse, Sukegawa a monté un commerce de vente de pierres. Mais le succès n’est pas plus au rendez-vous qu’avec ses petits boulots précédents. Curieusement, Sukegawa semble toujours agir contre son intérêt, au point d’abandonner le métier de mangaka, le seul pour lequel il était doué. À l’instar de ses acolytes bouquinistes ou brocanteurs, Sukegawa est le dernier maillon de la chaîne économique. Mais s’ils sont victimes de la modernisation et de l’occidentalisation à outrance, ces vieux briscards nostalgiques en sont également les premiers pourfendeurs, tournant volontairement le dos au Japon moderne dans lequel ils ne se reconnaissent plus . Mélange de fiction et d’autobiographie, L’homme sans talent révèle la volonté de Yoshiharu Tsuge d’échapper à la société contemporaine dont il abhorre le matérialisme et la superficialité. Son fantasme du déclassement social et sa fascination pour les ermites, les vagabonds ou les parias qui sont restés des hommes libres, s’incarnent pleinement dans ses différents personnages considérés comme des inutiles, des hommes sans talent aux yeux du monde. Cette réédition tant attendue du chef d’oeuvre de Tsuge permet de redécouvrir la maestria graphique de ce mangaka surdoué ainsi que sa singulière et émouvante quête d’émancipation dans une société japonaise écrasante ! Une œuvre qui pose plus largement la question de « l’utilité » de l’homme et du lien énigmatique entre son identité, sa valeur et sa fonction dans la société.     (Philippe)

L'homme sans talent de Yoshiharu Tsuge, Atrabile, 20,90€ (22,00€)
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Certaines réductions pourront être soumises à des modifications ultérieures.


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