samedi 1 août 2020

City Hunter ne meurt jamais

Cette année marque les 40 ans de carrière de Tsukasa Hojo. Alors qu’il est étudiant à Kyushu, Hojo décroche la deuxième place du prestigieux prix Tezuka, organisé par Shūeisha l’éditeur de Shonen Jump. Deux semaines plus tard, il débarque à Tokyo et débute comme mangaka.

Dès 1981, le succès vient avec Cat’s Eyes, les trois sœurs « gentlewomen » cambrioleuses, capables de planter une carte de visite dans un mur en béton d’un simple lancer. Et puis, en 1985, c’est la consécration grâce au « nettoyeur » au grand cœur : City Hunter alias Ryo Saeba, plus connu dans nos contrées par la « génération Dorothée » sous le nom de Nicky Larson.

Mais les relations entre Tsukasa Hojo et l’équipe du magazine Shonen Jump sont compliquées, ce qui amène l’auteur à s’associer au début des années 2000 avec Tetsuo Hara (auteur de Hokuto no Ken/Ken le survivant). Ensemble, ils fondent leur propre maison d’édition. Hojo a maintenant une totale liberté de création.

L’éditeur de Jump entretenait d’Hojo l’image d’un mangaka d’action qui dessine de jolies filles. Le résumé est un peu court. Le véritable fil rouge qui relient toutes les œuvres de l’auteur, tant dans ses séries que dans ses nombreuses histoires courtes (son format préféré), c’est le combat contre l’intolérance que mènent tous ses personnages. Maîtrisant parfaitement l’oxymore, Hojo n’a pas son pareil pour créer un sentiment d’empathie, même pour les plus méchants, quitte pour y parvenir, à pécher par excès de « mielleuserie ». Ryo Saeba, c’est Laura Ingals déguisée en tueur à gages qui aurait déménagé sa petite maison dans la prairie à Shinjiku, quartier animé de Tokyo.

Avec Angel Heart, Tsukasa Hojo tente tout de même de plonger ses personnages de City Hunter dans un univers plus sombre, mais au final, l’antagoniste récurrent (le Caméléon) s’avère surtout être humain et ceci est d’autant plus accentué qu’on ne connaît pas son sexe réel. Ce n’est pas la première fois que l’auteur joue avec les codes liés au genre et aux préférences sexuelles. C’est un sujet qu’il avait déjà exploré dans une de ses précédentes séries : Family Compo (voir plus bas).

Bref, Tsukasa Hojo, c’est du rire et des larmes. Parfois les deux en même temps. Ce sont des récits simples qui posent des questions complexes. Ce sont aussi des personnages hauts en couleur dont certains sont devenus mythiques (qui ne se souvient pas d’Umibôzu/ Mammouth/Falcon, le colosse qui a une phobie des chatons). Le tout reposant sur un dessin hyper réaliste même pour décrire les situations les plus abracadabrantes (comme les apparitions soudaines des massues de Kaori/Laura). Un bon divertissement à (re)découvrir cet été pour 5,00€

Après le décès de son père dans un accident. Masahiko,  jeune étudiant se retrouve seul et sans ressources. Sa tante Yukari lui propose alors d’emménager avec elle, son mari et sa fille. Les Wakanae ont tout de la famille japonaise classique si ce n’est que Yukari la mère est née homme et Sora, le père avait été assigné femme à la naissance. Dès lors, Mashiko s’interroge sur le sexe réel de sa cousine…

Dans cette comédie tendre et touchante, Tsukasa Hojo joue avec les clichés liés au genre. Il s’amuse et nous amuse (car c’est drôle) en démontant les codes et les conventions. Usant de l’humour plutôt que d’un ton moralisateur, le mangaka nous offre une belle leçon de tolérance en traitant le sujet de transidentité sans tabou au travers d’une tranche de vie d’une famille peu ordinaire (si tant est qu’il existe des familles « ordinaires ») mais terriblement attachante.

Family Composérie complète en 12 volumes chez Panini.

Spin-off savoureux de la série d’origine. Les fans se réjouissent d’y retrouver Ryo, Kaori et les autres, tandis que les néophytes découvrent … l’œuvre initiale. En effet, Sokura Nishiki, le dessinateur et co-scénariste avec Tsukasa Hojo de cette nouvelle série, nous replonge 30 ans en arrière grâce à un petit tour de passe-passe scénaristique (et un graphisme ultra fidèle) : de nos jours, dans notre univers, Kaori (qui porte le même prénom que le personnage féminin de City Hunter) est célibataire à 40 ans et prisonnière d’un boulot ennuyeux. Fan inconditionnelle du manga City Hunter, elle se retrouve projetée à l’intérieur de l’œuvre dans la temporalité qui était celle de la création du manga. Redevenue en apparence adolescente (son âge réel à l’époque), elle se retrouve impliquée dans les aventures de Ryo et sa bande, ces mêmes aventures qu’elle a lues et relues depuis près de 30 ans. Et nous voilà donc avec le scénario imaginé par Hojo pour l’histoire initiale mais dont l’issue peut être différente (ou pas) en fonction de l’intervention du nouveau personnage créé par Nishiki. Un tour de passe-passe, on vous disait. Conceptuel, malin et franchement amusant.

City Hunter Rebirth5 volumes disponibles chez Ki-oon, le tome 6 est annoncé pour le 3/9.

Et pour les nostalgiques du « Club Dorothée », retrouvez les animés Signé Cat’s Eyes et Nicky Larson en replay gratuit sur MY TF1.


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