Dans la catégorie Franco-belge
Anaïs Nin
de Léonie Bischoff chez Carsterman
Une mer déchaînée qui fait se fracasser un bateau sur les rochers, telle est la scène d’ouverture d’«Anaïs Nin». Des images révélatrices de la tempête qui secoue Anaïs Nin en son for intérieur. Mariée à Hugo qu’elle aime profondément, Anaïs Nin pourrait mener une vie rangée et bourgeoise mais cette perspective la rebute et elle entend jouer un autre rôle dans l’existence, que celle d’épouse parfaite et dévouée... Ses tourments, ses fantasmes et ses espoirs, elle les confie à son journal intime dans lequel elle se révèle être une femme bien plus audacieuse, rebelle et sensuelle... Sa rencontre avec l’écrivain Henry Miller va bouleverser son existence et cette passion amoureuse va libérer tant leurs instincts créatifs que leur appétit sexuel ! Anaïs Nin ne sera plus jamais la même femme et elle est enfin prête à assumer « l’embrasement total des corps et des esprits » auquel elle aspire depuis tant d’années ! Le talent de Léonie Bischoff explose littéralement dans l’écrin graphique de cet « Anaïs Nin », d’une grande force et d’une grande sensualité ! Une biographie très réussie qui transmet parfaitement l’intense soif de liberté et la fièvre créative d’une femme insoumise et en feu !!
Dans la catégorie BD alternative
La Mécanique du Sage
de Gabrielle Piquet chez Atrabile.
À Edimbourg, Charles Hamilton mène une vie de bohème et d’épicurien. Il est riche et connaît un certain succès, tant en amour qu’en amitié. Charles aurait tout pour être heureux s’il ne souffrait de bipolarité. À la recherche d’équilibre et de sérénité, il pense les avoir trouvés auprès de Mona avec qui il a un enfant. Mais leur amour ne dure pas et à la mort de Mona, Charles se retrouve face à face avec sa fille. Entre le père démissionnaire et cette dernière, le fossé se creuse et chacun se met, à sa manière, à la recherche du bonheur... Si les ouvrages de Gabrielle Piquet se démarquent par leur élégance graphique, il y a aussi quelque chose d’aérien et de détaché dans la narration qui rend celle-ci singulière. Mais cette forme de légèreté et de détachement n’empêchent pas l’autrice d’avoir une réelle tendresse et d’empathie pour ses personnages déboussolés et tourmentés. « La mécanique du sage » est une vraie petite perle dans laquelle Gabrielle Piquet manie, avec talent, l’émotion et une douce ironie autour de notre quête du bonheur et de sagesse !!
Dans la catégorie Tous publics
Le serment des lampions
de Ryan Andrews chez Delcourt
Tous les ans, lors de l’équinoxe d’automne, les habitants d’une ville déposent des lampions dans une rivière. La légende dit, qu’après avoir été emportés au loin, les lampions s’envolent vers la Voie lactée pour devenir des étoiles. Cette année, Ben et ses amis sont bien décidés à assister à ce phénomène. Alors, ils montent sur leurs vélos et longent la rivière en jurant de ne jamais faire demi-tour, de ne jamais regarder en arrière. Le groupe se disloque pourtant très vite et Ben se retrouve seul avec l’étrange Nathaniel, un garçon qu’il évite d’habitude. Qu’à cela ne tienne, ils continueront à deux ce périple qui va aller de merveille en merveille ! À mi-chemin entre le film « Stand By Me » et les films d’animation de Miyazaki, « Le serment des lampions » est une vraie ode à l’aventure et à l’imaginaire. Avec un coup de crayon tout en poésie et en délicatesse, Ryan Andrews nous fait découvrir un monde magique peuplé de créatures aussi attendrissantes que farfelues et signe un premier roman graphique idéal pour petits et grands. Un titre délicieusement magique qui nous rappelle que, parfois, le voyage est plus important que la destination. Une pure merveille !
Dans la catégorie Comics
Harleen
de Sejic Stjepan chez Urban Comics
Harleen Quinzel vient de décrocher un poste de psychologue au sein de l’Asile d’Arkham afin de soigner et soutenir les plus grands criminels de la ville. Solitaire et peu sûre d’elle, elle est la proie idéale pour le Joker, véritable manipulateur et pervers narcissique. Au gré des séances, le criminel s’insinue délicatement dans l’esprit de la jeune femme qui perd peu à peu tous ses repères jusqu’à ne voir plus que lui. Dans cette réécriture moderne et plus mature de la naissance d’Harley Quinn, déjà évoquée dans le comics « Mad Love » en 1994, Stjepan Sejic décortique la relation malsaine entre ces deux méchants mythiques. Mieux encore, il cherche à comprendre comment une femme si intelligente a pu succomber aussi facilement aux belles paroles du Joker quitte à s’oublier complètement. Sombre, parfois sensuelle, mais surtout délicieusement tordue, cette nouvelle interprétation de leur rencontre terrifie et fascine par son réalisme. Un must-read !
Dans la catégorie Manga
Le Monde selon Setchan
de Tomoko Oshima au Lézard Noir
Fin des années 2010, le Japon digère la catastrophe de Fukushima et est secoué par des attentats et des mouvements étudiants. Setchan est indifférente à toute cette agitation et n’est pas plus intéressée par ses études. Mélancolique et solitaire, elle ne trouve qu’un peu de réconfort dans le sexe mais il lui est impossible de s’attacher à ses partenaires d’un soir. Akkun mène une vie plus rangée. Brillant à l’université, il sort avec la même fille depuis des années mais il n’est pas plus heureux. Si tout semble les séparer, Setchan et Akkun partagent ce même détachement par rapport à l’existence qui va paradoxalement les rapprocher… À l’image de ses personnages principaux, « Le monde selon Setchan » donne l’impression d’un récit flottant et vaporeux. Pourtant, on s’attache réellement à Setchan et Akkun, deux jeunes adultes qui refusent de se glisser dans le moule de cette société japonaise formatée et de renoncer à leur innocence, leur sentimentalisme, leur fragilité. Une quête de sens singulière et sensible pour deux écorchés vifs désabusés et nonchalants.