"Le mariage
est-il une prison ?"
C’est avec un dessin
faussement naïf que Murasaki Yamada illustre la désuétude de la vie maritale.
La femme (sans prénom dans le récit) passe ses journées à entretenir sa maison,
éduquer ses enfants, et attendre le retour de son mari ivre. Viennent alors la
solitude et la peur. Yamada évoque ces femmes qui craignent de se retrouver
abandonnées par leur époux si bien qu’elles finissent par s’écraser
complètement dès que celui-ci éprouve du mécontentement.
Dépeignant ce rapport
hiérarchique patriarcal omniprésent, tant dans le couple que dans la société, « Shinkirari »
nous questionne sur notre rapport à l’intimité, unique ou partagé, à travers
cette héroïne qui nous livre un long monologue d’introspection et de rébellion.
Un recueil intime mêlant
la beauté éphémère de la vie, des enfants qui grandissent et un chat qui
s’étire.
Comme Kuniko Tsurita
(L’envol), Moto Hagio (Le clan des Poe) et tant d’autres mangakas qui ont
refusé de faire du shôjo dénué d’originalité (et dont les personnages “n’ont
que peu de points communs avec des êtres humains réels”), Yamada dépeint le
quotidien de ces japonaises au foyer dans les années 80. Le tout avec un trait
léger et un découpage qui laisse apparaître des bulles vides pour révéler le
silence rêveur de certaines scènes.
Quelle est la place de cette épouse sans nom ? Identique à tant d'autres et rêvant de liberté quelques secondes sur son balcon avant d’étendre la lessive. (Iman)
18,50€)