Quand le masque glisse, que les icônes doutent ou s’effondrent, la BD de super-héros devient autre chose… Des comics puissants, loin des clichés capés.
Harleen de Sejic Stjepan,
Urban
Harleen Quinzel vient
de décrocher un poste de psychologue au sein de l’Asile d’Arkham afin de
soigner et soutenir les plus grands criminels de la ville. Solitaire et peu
sûre d’elle, elle est la proie idéale pour le Joker, véritable manipulateur et
pervers narcissique. Au gré des séances, le criminel s’insinue délicatement
dans l’esprit de la jeune femme qui perd peu à peu tous ses repères jusqu’à ne
plus voir que lui. Dans cette réécriture moderne et plus mature de la naissance
d’Harley Quinn, déjà évoquée dans le comics « Mad Love » en 1994, Stjepan Sejic
décortique la relation malsaine entre ces deux méchants mythiques. Mieux
encore, il cherche à comprendre comment une femme si intelligente a pu
succomber aussi facilement aux belles paroles du Joker quitte à s’oublier
complètement. Sombre, parfois sensuelle, mais surtout délicieusement tordue,
cette nouvelle interprétation de leur rencontre terrifie et fascine par son
réalisme. Un must-read !
Batman White Knight de Sean Murphy, Urban
Dans son éternel duel
avec Batman, le Joker vient d’abattre une carte inédite: celle de la
rédemption. Guéri de sa psychose grâce à un obscur médicament, il redevient
Jack Napier, parvient à retourner l’opinion publique contre Batman et se
présente même aux élections à la mairie! Enième plan machiavélique ou réelle
prise de conscience du criminel repenti? Le message de Napier trouve en tout
cas écho auprès des plus défavorisés de Gotham City, lassés de la connivence
non avouée de Batman avec la police et de leurs bavures à répétition.
Dernièrement, le Chevalier Noir ne semble en effet plus incarner qu’une idée
très étriquée de la Justice, au point de semer le doute auprès de ses plus
fidèles compagnons. Avec comme arrière-plan un contexte socio-politique agité,
Sean Murphy explore l’éternel combat du Bien et du Mal et démontre avec brio
que, dans la relation d’interdépendance complexe entre le justicier et l’ennemi
public n°1, l’un n’existe pas sans l’autre. Un thriller psychologique noir et
acéré!
Marvels de Kurt Busiek et Alex
Ross, Panini
New-York 1939, Phil Seldon s’apprête à embarquer pour l’Europe et donner un nouvel élan à sa carrière de photographe reporter quand de mystérieux personnages aux pouvoirs extraordinaires font leur apparition dans les rues et sur les gratte-ciel de la ville. Torche humaine, homme amphibie, femme invisible, extraterrestres, mutants, l’opinion publique, peu aidée par la presse à sensation, ne sait que penser de ces créatures fantastiques qui semblent vouloir autant semer le chaos que sauver la planète. Aux premières loges des événements et fasciné par le phénomène, Seldon, dont les traits rappellent un certain Stan Lee, se met en tête d’écrire un livre sur ces nouveaux humains qu’il surnomme les ‘Marvels’. Avec ce titre, Kurt Busiek et Alex Ross revisitent tout un pan de l’histoire de l’univers Marvel en embrassant le point de vue des habitants de New-York, spectateurs passifs aussi impuissants qu’ignorants de ce qu’il leur arrive. Une approche narrative audacieuse et innovante qui s’adresse autant aux connoisseurs qu’aux novices du genre. A découvrir!