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Une première lecture de Blonde Platine rappelera bien évidemment Daniel Clowes, mais le monde de Tomine est infiniment plus sensible, plus tendre, plus désespéré aussi. En sélectionnant de courtes tranches de vie de ses personnages (on assiste à des moments, des instantanés, plus qu'à de véritables histoires), il focalise ses récits sur des détails quasi insignifiants pour en extraire une moelle composée d'ironie, de désespoir et de mal être. Le ton pathétique, mais si juste, et la sensibilité autofictionnelle de l'auteur, renvoient à nos propres vies, nos propres moments de doutes. Et comme si tout cela ne suffisait pas, le dessin ultra-précis de Tomine rend ses personnages encore plus mal à l'aise dans un univers qui, s'il est graphiquement riche et détaillé, est en fait encore plus vide, plus isolant, éloignant ses personnages (pourtant souvent déjà seuls) les uns des autres.
L'éditeur a choisi quatre histoires courtes qui représentent très dignement son oeuvre: un jeune écrivain peine à trouver l'inspiration pour son second roman et plonge dans une relation décalée et sans espoir; un jeu de la séduction destructeur qui finit mal; une jeune célibataire aigrie tente d'oublier son morne quotidien sentimental avec de sordides canulars téléphoniques; et le sexe qui ajoute à la difficulté d'être adolescent pour un jeune étudiant indécis.
Une jeunesse perdue, qui se cherche, sans concession ni optimisme, par un auteur incontournable.
June
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Blonde Platine d'Adrian Tomine, Delcourt, 15.40€ (au lieu de 17.10€)
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